Merci !
"penser juste, pour pouvoir penser librement",
A vrai dire, je n'ai lu aucune oeuvre de Thomas Thorild... Rien !
C'est juste l'auteur de l'introduction à la Suède dans la collection "Petite Planète" au Seuil, qui s'étonnait de la maxime gravée sur la porte d'Aula, à l'université d'Uppsala : "
Penser librement est grand. Penser juste est encore plus grand".
Il observait que cette priorité bien suédoise serait mal vue en France en milieu universitaire.
Je ne crois pas que votre renversement causal soit exact.
Dans mon esprit, penser juste et aider à le faire est un but en soi, quoique affreusement difficile à définir - c'est presque impossible. La liberté de penser est surtout un moyen, d'ailleurs indispensable. Il me semble impossible de s'assurer de la justesse sans la liberté d'y penser, et de faire l'examen critique, d'explorer les voies de rechange, les contre-arguments, etc.
Un matin de premier janvier, un humoriste de France-Musique nous souhaitait "
Que l'art vous soit aisé, et la critique difficile !". Sauf qu'en sciences, en matières sociales, et en matières politiques, il demeure indispensable que la critique soit aisée. En matières familiales, il demeure indispensable que la critique mesurée soit accessible. Les enfants n'apprennent l'indépendance d'esprit que si on leur en donne l'exemple, et qu'on prouve qu'on préserve la leur.
Le pluralisme, l'opposition, le droit à l'indépendance intellectuelle doivent être garantis.
Ailleurs, je citais Alfred J. Sloan :
A un conseil d’administration de la General Motors, Alfred J. Sloan constata :
« Je vois messieurs, que nous sommes tous d’accord pour prendre cette décision en ce sens ? »
Tous font signe que oui. Sloan reprend :
« En ce cas, je propose que nous renvoyions cette décision à une prochaine fois, lorsque des désaccords entre nous, prouveront que nous y ayons suffisamment réfléchi, pour vraiment savoir de quoi il s’agit. »
Je ne cache pas que là ma dette est due à Peter F. Drucker, disparu voici six ans.
D'expérience, on peut considérer deux bornes à la liberté :
* En usine, on n'est pas libre de pondre n'importe quel dispositif de gestion, on doit apporter des résultats concrets, donner aux hommes une meilleure maîtrise des processus. On est là pour servir, pas pour se servir.
* En classe ou à l'université, il faut apprendre la méthode constructive et respectueuse d'interrompre pour poser une question. C'est une habileté et une discipline qui s'apprennent. La valeur du travail collectif en dépend.
Il y en a sûrement d'autres.