En mission d'enseignement d'abord, et d'expertise accessoirement au Brésil, Richard Feynman avait conclu "Je suis au regret de vous apprendre qu'on n'enseigne pas les sciences au Brésil", et prouvé qu'on y enseignait de la doctrine scholastique, déconnectée et bidonnée, pour devenir prof de sciences, sans jamais expérimenter ni apprendre à expérimenter, faute de débouchés dans l'industrie. Il citait un manuel de niveau première ou terminale comportant une seule expérimentation : la chute d'une bille sur un plan incliné. SAUF que le tableau de chiffres que l'élève devait croire être un résultat d'expérience réelle, était bidonné, sur la base d'un calcul erroné. Les temps étaient trop brefs d'un rapport 5/7, car l'auteur avait juste oublié l'inertie de la bille en rotation. Une seule expérimentation aurait prouvé l'oubli à son auteur, mais comme il n'avait jamais fait l'expérience, pourtant élémentaire...
Donc un système d'enseignement complet peut être en imposture envers ses clients, envers ses contribuables et son pays. Un système d'enseignement entier peut recréer tous les défauts du clergé qui l'a précédé historiquement. Il suffit qu'il échappe à toute épreuve de réalité externe, à tous questionnements externes, au mécontentement de ses clients.
Le cas du Brésil cité par le biographe de Feynman n'est pas aussi isolé qu'il serait rassurant de le croire. Nous avons tout autour de nous plusieurs autres exemples d'impostures d'enseignement, par esquive des épreuves de réalité.