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Auteur Sujet: Militant de l'animisme des quantons ?  (Lu 3978 fois)

Jacques

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Militant de l'animisme des quantons ?
« le: 19 janvier 2008, 06:00:44 »
On hésite à ajouter foi à cette interprétation faite par un fanatique de l'animisme, tant elle est compromettante pour d'Espagnat :
http://sciencesphilo.free.fr/anisme06.htm
Début à http://sciencesphilo.free.fr/Page1.htm
Il s'agit d'un certain François Favre, aussi présent à
http://gerp.free.fr/ANIMISME.pdf

Extrait :
Citation
A. L'INTERPRETATION ANIMISTE EN PHYSIQUE QUANTIQUE

[Définissons d'abord l'animisme. Tout système ouvert, qu'il soit ou non classé dans le règne vivant, est imprévisible ; l'animisme consiste à le supposer alors doué de libre arbitre, il attribue un Soi à Autrui. Un système, c'est des parties qui visent une fin commune. Une approche systémique complète, prenant en compte le temps en tant que tel (c'est-à-dire non pas spatialisé, mais à la fois causal et final), implique l'animisme. Tout systémisme est un cas particulier de la conception métaphysique animiste.]

L'un des livres les plus brillants sur la physique quantique et ses interprétations philosophiques reste A la recherche du réel de d'Espagnat. Cet auteur juge l'interprétation animiste (chaque quanton est un tout organisé et donc doué de libre arbitre) plus plausible a priori, concernant la réduction de la fonction d'onde en l'absence d'observateurs humains, que l'hypothèse démiurgique. Mais il y objecte en définitive la non-localité microphysique : dans une expérience de fentes de Young avec interférences (cf. schéma 11), le quanton ne peut avoir conscience de passer par l'un ou l'autre trou puisque précisément on observe ultérieurement des interférences (donc qu'il est passé par les deux trous à la fois). L'expérience prouvant ainsi qu'une fonction d'onde n'est pas réduite tant qu'on ne l'observe pas, il ne peut exister durant cette période de particule consciente d'elle-même. Autrement dit, la non-localité est incompatible avec une conscience de soi.


[Je ferai d'abord remarquer que le terme de conscience est équivoque. En psychologie, ce terme est rattaché à l'observation de veille ; mais il existe certainement une conscience de rêver ou de rêvasser comme il peut exister une conscience de jouer. Plutôt donc que de conscient et d'inconscient, il vaudrait mieux parler à ce propos de consciences incompatibles. Utilisé ici en physique, ce terme désignerait plutôt de la pensée (et même un esprit) en interaction avec la matière. L'objection de d'Espagnat ne tient alors pas.]

Assujettir la conscience à l'existence simultanée d'un objet qui en serait le "garant" me semble relever d'un objectivisme contestable. Comme chacun sait, la fonction d'onde exprime une probabilité de présence ; elle se réfère donc à un monde à la fois subjectif et potentiel, c'est-à-dire à l'imagination. Or, quand je rêve ou je rêvasse, le fait est que je m'affranchis totalement de la réalité ambiante (y compris celle de mon corps), que l'univers mental où je baigne est certes soumis à une irréversibilité spatiale (je dois construire un récit avec un début et une fin) mais que le temps y est réversible et que le tiers exclu réaliste ne s'y applique pas, que j'en ai conscience et que je suis donc capable d'y produire des phénomènes psi (c'est la magie onirique), en particulier d'être "objectivement" (de mon point de vue onirique) non-local. Tandis qu'éveillé à la réalité objective (me heurtant à elle), j'ai de fait conscience de l'actualisation locale de mon corps et d'un entropie globale inéluctable. Autrement dit, l'onde n'est réduite ("ne se réveille") qu'au moment de l'impact ; mais il faut en plus que l'Observateur humain (qui a conçu cette onde) lise la trace (soit donc lui aussi réveillé) pour conclure à une réduction.

[On sait par ailleurs que dans le modèle quantique, la fonction d'onde occupe la totalité de l'univers. Or c'est précisement ce qui caractérise un processus imaginaire : le moi y est alors global, il est un monde. Si la non-localité exclut présentement une conscience éveillée (puisque ce moi n'a pas alors de "corps" actualisé), elle exige une conscience universelle onirique ; et occuper un monde en imagination, c'est toujours se représenter symboliquement un monde qui pourrait (a pu et/ou pourra) exister. De son point de vue cosmique, cette conscience globale ne peut par définition communiquer (transmettre extérieurement des informations) avec personne de réel : elle transmet seulement des intentions internes, fait communier entre eux les parties qui la composent. Mais, parmi celles-ci, peuvent se trouver des représentations de son moi réel (passé ou futur) ou d'autres moi du même type, ce qui peut engendrer des interférences avec la réalité (que les parapsychologues qualifient de psi). Cette communion interne et ces interférences sont une manière de définir l'animisme a .]

_________

1. D'Espagnat à qui j'ai soumis cette interprétation de l'animisme n'y a pas trouvé d'objection (lettre du 16.2.89), d'autant qu'il insiste à plusieurs reprises sur le fait que la non-localité n'autorise certainement pas la transmission d'informations (pp. 42-43, 86).

On en déduira que la réalité objective n'est pas un absolu, un "en-soi", mais un "pour-soi" : elle se réfère nécessairement à un moi particulier.

 

[Pour d'Espagnat, la conscience exige un support matériel. Mais quand je rêve, je n'ai pas de mon propre point de vue de corps réel (même si ce corps continue à exister pour un observateur objectif qui, éveillé, regarde ce corps). De plus, l'expérimentation quantique prouve que si un corps n'est pas observé ou observable, il n'est pas localisé. Et c'est précisément parce que je n'ai plus, de mon propre point de vue, de corps réel que je peux consciemment imaginer être à deux endroits à la fois et que je peux donc ultérieurement, parfois, en apporter une preuve réelle (par exemple, avec la confirmation d'une clairvoyance ou d'un effet PK). Ajoutons enfin qu'en général (ectoplasmie et expérimentations LaBerge exclues) un rêve ne peut être directement observé par un tiers : seul donc le rêveur peut en parler et après coup.

(...) Le problème des fentes de Young est doublement compliqué : a) le quanton ne peut parler de son "rêve psi" (sa duplication, sa dilution), b) un organisme macroscopique a une probabilité de localisation qui confine à la certitude (d'où, vraisemblablement, l'impossibilité, même pour un médium exceptionnel, de se diluer et de réapparaître ailleurs).

En somme, je considère la réduction de la fonction d'onde comme l'expression même de la volonté, qui réduit l'infini des possibles à la certitude du fini par passage de la puissance à l'acte. L'aspect non local microphysique doit donc se retrouver chez l'homme dans le fonctionnement moteur ordinaire de son cerveau.]

Ainsi s'interprètent à mon avis la discontinuité corpusculaire et la continuité ondulatoire : la complémentarité est un absolu "personnaliste".

[Les parties d'un système sont par définition incompatibles entre elles (en logique du tiers exclu) : onde/particule, objet/sujet, réel/imaginaire, etc. Un tout (en logique du tiers inclus) est donc forcément libre et doué de raison, c'est-à-dire vivant. On peut décomposer les parties d'un être vivant ; mais, ce faisant, on le tue.

(...) Continu et discontinu (global et local) dépendent de l'observateur : pour un observateur réel regardant un objet réel, cet objet est discontinu, tandis que toutes les tendances seront simultanément pour lui continues, non limitées, non localisées. Pour un observateur imaginaire, toujours en déplacement, les pulsions peuvent être immobiles par rapport à lui (d'où la figuration onirique, l'obsession, etc.), alors que les états (réels) lui paraîtront continus.

Quand on rêve (i.e. quand on est un observateur tachyonique), la vie de veille prend un statut d'inconscient. Et inversement. C'est là un aspect de ce qu'on peut appeler la relativité psychophysique. Il n'y a d'absolu que le complémentaire : continu et discontinu ne peuvent exister l'un sans l'autre et dépendent en plus de l'observateur, selon qu'il est bradyonique ou tachyonique (réel ou imaginaire). On se déprend ainsi du point de vue transcendantal qui est le point de vue de toute théorie occidentale; ce qui reste alors d'absolu, c'est moi. Il n'y a pas de monde sans un Moi. Il n'y a d'absolu que le relatif, mais un relatif centré sur un Moi.

Selon le dualisme ou le matérialisme, la réalité objective est un en-soi. Selon moi, non. Plus concrètement, les sciences découpent dans l'univers des domaines initialement étanches (symbolisés par les quatre quadrants du schéma 1) ; ce découpage leur est nécessaire pour être opérationnelles ; mais, ontologiquement ou existentiellement, on ne peut pas séparer. Une fois que je suis mort, la Réalité n'existe plus. Si on essaie de raisonner avec les quatre quadrants, le seul point commun, c'est moi.

Le lecteur néanmoins ne doit pas se laisser égarer par cette formulation : le personnalisme impliqué par le modèle complémentariste que j'expose ici ne saurait se réduire au solipsisme des modèles idéalistes.]

Les physiciens s'illusionnent quand ils croient à une réalité en soi alors qu'il n'y a de réalité que pour soi, pour quelqu'un de particulier (qu'il s'agisse d'un individu ou d'un groupe) : moi, la particule, moi et la particule, etc. Raisonner strictement, c'est ne raisonner que par rapport à une (ou des) personne(s), qu'il s'agisse d'organismes vivants, "inertes" (les atomes, par exemple) ou symboliques (l'Église, l'État, la Société, etc.).

[Les mathématiciens, les physiciens et les biologistes -ces nouveaux riches de la technocratie- détestent qu'on parle de leur imaginaire ou de leur inconscient professionnel comme s'ils étaient les seuls à n'en point avoir. Croire à l'animisme (cette conviction enfantine et anti-impérialiste, ce "sentiment aristocratique de l'égalité avec tout ce qui vit" comme disait Pasternak) dépasse donc totalement leurs forces, et mon modèle ne peut leur apparaître au mieux que diabolique.

En résumé, contrairement à la conception occidentale dominante, il n'y a pas d'observateur anonyme, impersonnel. Dès qu'on traite de significations ou d'affects (qui sont par définition les constituants du monde dans son entier), on doit en traiter en fonction d'un Moi situé spatio-temporellement, à la fois actif et passif, et non en fonction d'un absolu, par exemple le Soi transcendantal des monothéismes (Dieu) ou le strictement Autre (la réalité objective); il n'y a que des observateurs particuliers, personnalisés. Par ailleurs, il y a deux types d'observateurs : les imaginaires (tachyoniques) et les réels (bradyoniques). Enfin, il y a un problème hiérarchique d'observateurs relatif aux niveaux d'organisation (particule, atome, molécule, cellule, organe, individu, société, espèce, planète, galaxie, etc.).





« Modifié: 19 janvier 2008, 06:32:32 par Jacques »
La science se distingue des autres modes de transmission des connaissances, par une croyance de base : nous croyons que les experts sont faillibles, que les connaissances transmises peuvent contenir toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la peine de vérifier, par des expériences

Jacques

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Re : Militant de l'animisme des quantons ?
« Réponse #1 le: 19 janvier 2008, 06:02:27 »
Et la suite n'est pas mieux. Voyez :
Citation
B. LE PROBLEME DE LA TELEPATHIE

Pour qu'il y ait télépathie, il faut une sorte de complémentarité significative, de consensus affectif. Le médium se met à la place de l'autre.

L'existence d'antimatière tachyonique (de tachyons subjectifs) est bien démontrée expérimentalement par l'intuition prémonitoire, représentation instantanée d'un futur qui pourrait se produire. La notion de Moi imaginaire (tachyonique), "l'image de soi", que vous voyez représenté sur le schéma 1 implique qu'il peut se trouver en même temps à deux endroits différents (pour un observateur objectif contre-factuel). D'où l'impression de télépathie, de clairvoyance ou de PK instantané.

[Je peux également citer le fait que Mozart, qui en remerciait Dieu, se représentait finalement ses créations musicales, même étendues, comme des objets spatiaux ("tableaux ou statues") et qu'il n'avait plus alors qu'à les décrire.

(...) On me rétorque souvent que je ne prends pour exemples que des cas extraordinaires et donc douteux. Oui, tout le problème est là : la preuve de l'imaginaire, sa règle, ce sont les exceptions. Et je ne peux rien pour ceux, majoritaires, qui préfèrent la télévision au cinéma, le rock au jazz, la BD à la peinture, la SF à la poésie ou la pornographie à l'érotisme.

(...) Elitiste ? Ah oui... mais pas élitaire. Ressembler à quiconque constitue pour moi un sûr garant de lâcheté et de laideur. Il faut être élitiste pour créer, comme F.Brown l'est en SF ou E.Baudoin en BD. La transcendance prônée par les élitaires - qu'elle soit matérialiste ou spiritualiste - n'est que la quintessence du fascisme. Je défends la vie, je suis animiste et, à ce titre, anarchiste : faire partie de toutes les majorités est un signe évident de décomposition avancée.

La transdisciplinarité, pour être créatrice, doit travailler aux marges de la science, au coeur de l'art et contre notre civilisation du spectacle. Un modèle donc qui courrait après le succès (technique, social ou économique) -ce Dieu unaniment respecté des morts et des objets, paradigme de l'Occident moderne- serait à coup sûr une escroquerie. La transdisciplinarité ne permet que d'acquérir un Moi complet : qui cela intéresse ?

(...) Les effets PK (par définition improbables) -qu'ils soient cérébraux, somatiques ou extracorporels- présentent tous les caractères d'effets tachyoniques indirects dont Terletsky avait formulé la théorie dès 1962. C'était un Russe, marxiste donc et suspect de lyssenkisme (ce lamarckisme prolétarien). Les écoles de physique et de parapsychologie américaines, à dominante "libérale", l'ont emporté à travers le monde ... et n'ont rien rapporté sauf de l'argent.]

La transmission de base dans la subjectivité est purement intentionnelle. Les buts qu'on se donne sont en effet toujours sémantiques : on cherche à donner un sens (occasionnel, durable ou permanent) à sa vie. Et la représentation de ce sens (le désir) est convertie en actes qui permettent de le signifier concrètement. Une preuve expérimentale de cette transmission intentionnelle est fournie par la parapsychologie : ce sont les cas avérés de compréhension d'une langue étrangère par un médium. Cette compréhension ne s'avère d'ailleurs pas télépathique, mais autoprémonitoire : le médium se souvient de l'explication future qu'on pourra ou pourrait lui donner.

En fait, on peut démontrer que toutes les ESP (clairvoyance, télépathie et rétrocognition) sont réductibles à la seule autoprémonition15. "Se voir soi-même, c'est être voyant" ont dit pareillement, à vingt-trois siècles de distance, Lao-tseu et Rimbaud. Toutes les voyances en effet consistent à se voir soi-même (en inhérence, en compréhension, en intention ; donc dans le temps) au travers d'un autre (i.e. d'une forme spatiale). En définitive, le médium voit l'avenir parce qu'il modifie le passé ; mais c'est toujours et seulement vis-à-vis de son temps propre, personnel qu'il opère.

[L'hypothèse de la clairvoyance ou de la télépathie en tant que transmission approximativement instantanée d'information, est certainement fausse. Et tout ce qui s'apparente à une télépathie collective (rumeurs, coïncidences multiples, champs morpho-génétiques, etc.) relève donc en fait d'une convergence finaliste : c'est le but ultérieur commun qui détermine les effets symboliques présents.

"Tachyons subjectifs" (quadrant III) : l'observateur voit directement de l'imaginaire, des tendances et, indirectement, de la réalité subjective (la mienne ou celle des autres, via l'autoprémonition de perceptions, i.e. de témoignages objectifs d'autrui). Cet observateur imaginaire produit lui-même des tachyons objectifs, devenant ainsi acteur. L'excitation cérébrale qui précède une action corporelle n'est pas localisable, elle intéresse simultanément toute une partie du cerveau. Certains effets PK extracorporels, "extraordinaires" (tels ceux du poltergeist, de la hantise) montrent à l'évidence que des événements réels peuvent obéir à la logique "imaginiste". L'imaginaire du sujet occupe l'ensemble de l'univers qu'il conçoit. La capacité d'un médium, c'est de faire coïncider son imaginaire subjectif avec la réalité objective.(...) L'idée d'interpréter la prémonition comme une réception de tachyons subjectifs a été avancée par le physicien américain Dobbs, en 1965.

Que signifie "en intention, donc dans le temps"? Reportons-nous au schéma principal : dans le quadrant I, le Moi réel observe des objets, des formes spatiales (des signifiants réels, informatifs) ; dans le quadrant III, le Moi imaginaire se représente des pulsions, des formes temporelles (des signifiants imaginaires, intentionnels).

Que signifie "voit l'avenir parce qu'il modifie le passé" ? Cette formule est en effet beaucoup trop dense. Considérons d'abord une vision réelle. Quand je vois un cendrier, je ne vois pas à proprement parler du passé, mais des traces présentes du passé, i.e. un souvenir ; de plus, puisque j'appelle cet objet "cendrier", je fais une projection, un pari sémantique sur l'avenir : j'ai la conviction prémonitoire qu'on pourrait continuer à utiliser cet objet comme cendrier. Je vois le passé dans la mesure où je projette des actions dans le futur. Considérons maintenant une vision imaginaire, i.e. un certain désir : j'ai par exemple envie d'un éclair au chocolat. Je ne vois pas du futur stricto sensu, mais ses prémisses : j'ébauche un projet. Je fais le pari concret que si j'avais déjà mangé cet éclair, je n'aurais présentement plus cette envie. Le désir est précisément cette satisfaction imaginée. C'est une situation "contre-factuelle". Je vois le futur dans la mesure ou je rétrojette des agences dans le passé. Un médium ne peut réussir une voyance que dans la mesure où, de concert avec son client, il modifie quelque part un passé qui leur est commun. On ne peut imaginer un avenir (ouvert) qu'en renonçant à l'idée d'un passé irréversible, définitivement écrit. Il faut casser quelque chose du passé. Toute psychothérapie obéit au même mécanisme.

Cf. également ce que j'ai dit en conclusion de V.]

Dans le monde réel objectif, nous sommes une partie d'un tout ; dans le monde imaginaire subjectif, nous sommes au contraire le tout des parties, notre peau englobe le monde. [Nous sommes donc à la fois contenus et contenants.]

C. PARADOXE DU RETRO-PK

Symétriquement, on peut démontrer que tous les PK sont en fait des rétro-PK : on agence l'espace via son propre passé. Une expérience de Libet, en 1985, a d'ailleurs secoué le milieu des psychophysiologistes : le signal cérébral correspondant à un acte volontaire se déclenche avant le passage conscient à l'acte17. Physiquement parlant, il s'agit d'une cause ex nihilo, autrement dit d'un effet rétro-PK reproductible.

[L'expérience de Libet montre que lors d'une tension volontaire, la décision d'agir immédiatement précède bien la contraction musculaire, mais succède au début de l'excitation cérébrale correspondante, ce qui confirme mon modèle selon lequel l'agencement volontaire d'un acte consiste à modifier son passé personnel.

Il va de soi que la quasi totalité des scientifiques rejette la possibilité même du rétro-PK, comme si la liberté était toujours d'ordre intellectuel et jamais physique. L'une pourtant ne va pas sans l'autre puisque leur preuve est réciproque ! Sommes-nous libres en actes ? Une réponse négative ne peut rien signifier puisque la réponse est alors elle-même conditionnée. Affirmer donc que l'expérience de Libet n'est pas rétro-causale, c'est simplement manifester son imbécillité. Nous touchons ici au fondement même, à la justification du circuit psi : puisqu'il ne peut y avoir de signification sans liberté, il s'ensuit que toute signification est nécessairement circulaire et centrée sur un Moi.

Cette expérience fait le pendant aux études sur les perceptions subliminales. Pour les psychologues et les parapsychologues, ces perceptions peuvent engendrer "causalement" de fausses ESP. Cette interprétation n'est pas pertinente dans mon modèle : une représentation ou un acte involontaires relatifs à un stimulus subliminal sont toujours autoprémonitoires. A ma connaissance, l'expérience symétrique à celle de Libet n'a pas été faite, parce qu'elle paraît absurde ; faite, elle confirmerait mon modèle (l'excitation cérébrale motrice précédera l'excitation cérébrale sensorielle) et interdirait aux réductionnistes, comme dans l'expérience de Libet, d'invoquer quelque mystérieuse "cause cérébrale inconsciente". Pourtant, on connaît déjà beaucoup de cas de rêves symbolisant par une longue mise en scène un événement réel désagréable (par exemple du bruit) qui déclenche très brutalement le réveil. Rappelons-nous le fameux rêve de la guillotine, de Maury. Les psychologues ont par ailleurs montré que le temps de réaction est d'autant plus court que la perception, même subliminale, est désagréable. Or il est parfois si court que l'action précède la perception : c'est le cas pour les actes préventifs consécutifs à une autoprémonition (consciente ou non) d'accident.

Les rationalistes distinguent classiquement quatre phases dans l'action volontaire : la conception, la délibération, la décision, l'exécution. Cette vision intellectualiste, causaliste, analytique est parfaitement contraire à l'expérience vécue de l'action. La délibération, pour un homme de caractère, pour un Moi fort, n'est le plus souvent qu'un leurre servant à entériner une décision déjà prise (Qu'on songe aux parlements-croupion, pour qui le gouvernement est tout et le peuple rien ). L'expérience de Libet est encore plus radicale puisqu'elle prouve que l'exécution cérébrale précède toujours la décision consciente correspondante.

Les réductionnistes expliquent ce genre d'expérience par le primat de l'inconscient ; et sans libre arbitre, bien sûr, le Moi n'est qu'une illusion. Mais traduit en termes éthiques, cela signifie qu'il n'existe en fait que des gouvernements démagogiques et qu'on n'en saurait trouver qui prennent des mesures impopulaires afin de protéger les plus faibles, les plus improbables, et d'ouvrir ainsi l'avenir. [La morale, comme toute démarche créatrice, consiste d'abord à inventer un Soi (indépendamment ou non d'Autrui), puis lui obéir et n'être finalement jamais, quoi qu'il arrive, du côté du plus fort. La morale est naturellement maternelle et donc rarement masculine. C'est une foi inébranlable en son devenir intérieur et sa puissance effectrice, socialement incarnée aujourd'hui par l'abbé Pierre, hier par Lincoln, jadis -et pour toujours- par Diogène.]

Psychologiquement, Ricœur a justement fait remarquer que l'acte volontaire comportait moins des phases ("bradyoniques") que des aspects ("tachyoniques"). On retrouve ici l'opposition entre la conscience, qui synthétise dans la durée diverses sensations (spatiales) , et la volonté, qui synthétise dans l'étendue diverses pulsions (temporelles) et dont la réduction de la fonction d'onde, en physique quantique, est une signification élémentaire (cf. schémas 1 et 11).]

Il n'y a paradoxe, impossibilité logique que parce qu'on croit à tort que le passé est écrit et inéchangeable. Il est pourtant évident que la moindre action, en changeant le présent, efface la réalité du passé (qui se réduit à des traces). Quand on conteste la possibilité du voyage dans le temps, on suppose le temps réel. On ne pourrait par exemple tuer son ancêtre enfant puisqu'on disparaîtrait du même coup. Eh bien, les logiciens "réalistes" (les rationalistes, les théologiens scientistes) ont tort : cela est possible (puisque le temps est imaginaire) et s'appelle en biologie une mutation.

[C'est la perspective lamarckienne. Je soulève ici le problème très général du déterminisme historique. La complexification objective, localement observée (quadrant I), de l'univers physique, biotique, social et psychique est une suite de coïncidences inexplicables tant qu'on n'admet pas un déterminisme final (le futur modifie intentionnellement le passé). D'où le bien-fondé théorique du principe anthropique en cosmologie, du lamarckisme en biologie et du jungisme en psychanalyse. Et qui doute que le progrès technique de la société occidentale soit dû à l'intention consciente de la majorité de ses membres ? Ce n'est pas le caractère finaliste de ces théories qui est discutable, mais leur interprétation transcendantale. La finalité est "naturellement" intrinsèque, immanente (monde intérieur imaginé : quadrant III) de même que la causalité est "naturellement" extrinsèque et transcendante (monde extérieur perçu : quadrant I).]

Autre exemple : dans le poltergeist ("l'esprit frappeur", la maison hantée), un objet disparaît parfois d'une armoire fermée à clef et reparaît ailleurs. Dématérialisation dans l'espace et rematérialisation instantanée ? Pas du tout : l'objet n' a plus été mis dans l'armoire.

"La musique crée un passé qui n'est pas dans le nôtre", disait Oscar Wilde. Et un révolutionnaire chinois : "Qui change la mémoire change le monde".

[Le rapport complexe entre probabilités, signification et spatio-temporalité peut être illustré par l'exemple suivant, que je tire de l'actualité :

Supposons que l'état de mon compte bancaire soit créditeur de 5.000 F un lundi, et de 15.000 F le lendemain. A priori, je peux prélever mercredi 10.000 F. Mais comme les banques françaises antidatent de deux jours les prélèvements, je devrai payer en fait un intérêt sur 5.000 F. "Objectivement", mon action présente détermine un nouveau passé. Pour les banques, l'intention d'escroquer a déterminé ce moyen qui, actualisé en règle, permet d'atteindre un effet prévisible à terme ; "subjectivement", c'est le futur (la richesse matérielle) qui a déterminé cet effet présent (le vol). Une décision récente de justice vient enfin d'interdire ces pratiques.

Contrairement à la loi physique, la règle est localement révocable mais pas globalement : avec le temps, les lois sont plus générales et moins nombreuses, tandis que les règles sont de plus en plus personnalisées. A la limite, la Loi -unique- ne fait plus que formaliser le but commun d'individus entièrement responsables. C'est cette utopie-là qu'on appelle démocratie en politique, Dieu en philosophie occidentale, théorie unifiée de l'univers en physique et sagesse en mystique. Sans elle, l'univers ne se fût jamais complexifié.]

 
La science se distingue des autres modes de transmission des connaissances, par une croyance de base : nous croyons que les experts sont faillibles, que les connaissances transmises peuvent contenir toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la peine de vérifier, par des expériences

Jacques

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Re : Militant de l'animisme des quantons ? 3...
« Réponse #2 le: 19 janvier 2008, 06:12:02 »
Continuons à glaner le délire animiste :

Citation
D. LES MONDES PARALLELES

Il suit de B et C que les mondes parallèles relèvent d'une théorie parfaitement valable, mais qu'il s'agit de mondes imaginaires, purement virtuels.

[Résumés de B, C et D : schéma 13.]

 

 

E. LA HIERARCHIE STRUCTURELLE EN PHYSIQUE

Les idées de Feynman sur la possibilité d'un va-et-vient des particules dans l'espace-temps (cf. schéma 2.a) lui furent suggérées par une extraordinaire hypothèse émise par Wheeler : "Si tous les électrons de l'univers ont exactement les mêmes propriétés, c'est tout simplement qu'il s'agit d'un seul et même électron qui zigzague dans l'espace-temps. Nous observons en pratique un très grand nombre d'électrons parce que, en tant qu'observateurs macroscopiques, le temps se déroule obligatoirement pour nous du passé vers le futur." Feynman avait alors rejeté l'hypothèse en déclarant qu'on observait spontanément beaucoup plus d'électrons que de positrons (les antiparticules correspondantes). Mais il avait négligé le fait qu'un photon est susceptible de se transformer en un couple de particules antagonistes (électron/positron par exemple) et vice versa. Et comme le photon est à lui-même son antiparticule, on peut admettre que l'univers n'est constitué à la limite que d'un seul et unique photon, sous réserve qu'il existe d'une certaine manière une barrière spatio-temporelle sélective pour la matière et l'antimatière (au sens, toujours employé par moi, de Dirac).

Or, dans l'univers du physicien, la simplicité structurelle s'accompagne d'indifférenciation (matière/antimatière et espace/temps). Les photons, par exemple, sont sans masse (pure énergie) et n'ont pas d'identité propre ; on peut en empiler autant qu'on veut au même endroit/moment (d'où les lasers). A un niveau supérieur, on trouve les fermions (électron, proton et leurs dérivés instables) ; ils sont indiscernables entre eux (du fait de leur aspect en partie ondulatoire : en mélangeant temporairement deux "vagues" de fermions, on ne peut plus dire, lorsqu'elles sont de nouveau séparées, laquelle avait le numéro 1 et laquelle le numéro 2) ; mais ils sont dénombrables et ne sont plus à eux-mêmes leurs antiparticules, comme l'étaient les photons ; ainsi, du fait de leur relative permanence, ils ont un certain vécu donc une certaine "personnalité". Au troisième et dernier niveau, on trouve les objets ordinaires : les molécules d'un gaz de même que les objets macroscopiques sont discernables et dénombrables, et l'on n'observe pas spontanément, au moins sur Terre, d'anti-molécule ou d'anti-objet. Tout ceci amène à conclure que, dans l'univers, l'individuation est certainement liée à l'installation d'une barrière matière/antimatière (i.e. à leur coexistence significative, symbolisée dans le schéma 1 par le couple Moi réel/Moi imaginaire).

Si donc l'univers n'est constitué que d'un seul photon, il s'agit assurément alors d'une monade dont les moi de chaque existant ne seraient qu'une expression, une "transition virtuelle", le photon s'identifiant alors au principe affectif ontologique, au Pathos dont nous parlions en début d'article (cf. "l'horizon lumineux" du schéma 1 et les boucles du schéma 2).

[Dutheil a proposé un référentiel "luxonique" (de lux : lumière) qui permet de décrire à la fois les bradyons et les tachyons, et de prouver leur équivalence formelle. Ce référentiel me semble une bonne approximation de la situation ontologique où je place le Moi total (réel + imaginaire), centre quintidimensionnel de l'univers 4D.

Si je privilégie l' "aristocratique "photon parmi les bosons (quantons obéissant tous à la même statistique), c'est que les sciences "dures" , anonymes, sont fondées sur l'observation visuelle tandis que les êtres mystiques produisent des visions fondatrices (accompagnées d'ailleurs parfois de luminosités objectives). Les sciences "molles" se situent entre les deux et privilégient la parole, le clair-obscur, i.e. le Moi.

A mon avis, une théorie complète de la signification doit essentiellement relever du toucher (plutôt que de l'odorat), avec ses coïncidences possibles conscience/volonté, son immédiateté spatio-temporelle et sa charge affective (cf. Section V.h). Mais c'est là une préoccupation féminine qui intéresse très peu les scientifiques mâles et donc, pour l'instant, la transdisciplinarité.

Un modèle animiste de l'univers suppose que chaque participant symbolise tous les autres (passivement et activement ; en pensée, en paroles et en actes), qu'il y a donc entre eux solidarité dans l'espace et le temps, liens "démocratiques", "en boucle fermée" -termes du physicien Chew- et non "hiérarchiques." D'où l'auto-consistance prévisible de l'univers, sa cohérence significative (effectivement observées). Et si les participants sont égaux, il ne peut y avoir d'origine spatiale ou temporelle privilégiée, et pas plus de terme absolu : l'univers observable serait donc, devra être en expansion/rétraction infinie (modèle à rayon de courbure imaginaire, dit "hyperbolique" par les cosmologistes).]

Une autre manière d'aborder la hiérarchie structurelle est de s'interroger sur le nombre de dimensions dans lesquelles vivent, de leur point de vue, les systèmes physiques.

En reprenant le raisonnement développé en V.h., on peut supposer que certains êtres ne voient à un instant donné qu'une ligne (avec des segments et/ou des points), ce qui implique une "profondeur" temporelle ; d'où l'illusion possible de surfaces (2D), mais l'incapacité de produire de l'asymétrie tridimensionnelle (propre au règne vivant). Ce pourrait être le cas de certains systèmes dissipatifs.

A l'échelon inférieur (OD), on peut envisager des êtres incapables de concevoir la ligne mais qui verraient des points/segments : ce seraient les fermions. Enfin, à l'échelon le plus bas, il ne saurait y avoir ni vu ni voyant, ni espace ni temps. Mais comme, dans un modèle complémentariste, le néant ne peut exister (une virtualisation absolue est impossible), il existe nécessairement là des êtres élémentaires en indifférenciation chaotique : ce serait le cas de tous les photons lesquels, de leur propre point de vue affectif, n'en formeraient qu'un seul (la Lumière en soi).

L'invention dimensionnelle (2nD, n étant un entier quelconque) constitue des interdits fondateurs : elle différencie. Cf. fin de V.

[La logique formelle systématise la pensée opératoire, qui porte sur la causalité, elle-même symbole des relations objectives. Mais cette systématisation est auto-référentielle et ne peut donc rien dire du "contenu", de la finalité, des intentions de cette pensée, d'où ses limites (syntaxiques et sémantiques) : la vérité n'y est jamais palpable, comme l'horizon lumineux. Dans mon modèle au contraire, en boucle fermée, une signification (logique, morale ou esthétique) n'est que palpable (les extrêmes se touchent) ; ou alors elle n'existe pas. Et la signification absolue, c'est l'affectivité, cette chair de la lumière : sans peau (puisque le dedans y équivaut au dehors) et sans âge (puisque le passé y équivaut au futur). Confer le schéma 14.

(...) En logique complémentariste, les questions d'un avant du big bang, de limites de l'univers ne se posent plus.

(...) A propos de l'invention dimensionnelle par un Moi total, on peut citer le cas intéressant des quasi-cristaux. La nature recherche toujours la configuration qui ait l'énergie la plus basse, la plus économique (d'où le défaut de masse, décrit en II.B). Un cristal ordinaire se constitue par assemblage local, chaque atome résolvant seul son problème de minimisation. Mais un quasi-cristal ne peut se former que par une coopération non locale (quantique) des atomes. Il en va de même pour la phylo- et l'ontogenèse, où l'assemblage se fait par apprentissage réciproque, i.e. selon une procédure démocratique.




F. L'ESPACE-TEMPS CIRCULAIRE

Le temps rectiligne et spatialisé est un mythe occidental, parce que l'Occident identifie l'univers avec la réalité objective. Ce temps-là n'est en fait qu'un point de vue tronqué, une approximation, une illusion de perspective.

Le régime du Moi total (réel + imaginaire) est complémentariste, à la fois causal et final18, temporel et spatial. En régime normal (à mi-chemin entre la créativité et la pathologie), le Moi total assimile du matériel objectif qui lui permettra de faire fonctionner sa raison et son imagination, la première de façon "néguentropique" (simplification sémantique : quadrant II) et la seconde de façon "entropique" (la folle du logis et ses errances symboliques : quadrant III). L'action modifie ensuite le monde objectif, etc.

[La circularité, c'est l'approche métaphysique quand elle est centrée sur un Moi. "Le plus court chemin de soi à soi passe par autrui", disait Paul Ricœur. Et Swedenborg : "Chaque esprit (chaque Soi) pense non d'après lui-même, mais d'après tous les autres". Par exemple, si j'étudie les pulsions en elles-mêmes (quadrant III), je fais de la science ; si j'étudie ensuite leurs tenants (quadrants II puis I) et leurs aboutissants (quadrants IV puis I), je fais de l'épistémologie ; si j'étudie enfin les relations réciproques des ensembles I, II, III et IV, je fais alors nécessairement une métaphysique animiste. Mais si je ne m'appuie pas sur une science, je délire à vide -comme Lacan.]

1. EN PHYSIQUE

[J'appelle donc circuit psi ma modélisation topologique de l'espace-temps, en bande de Moebius, du point de vue d'un Moi. Cette modélisation s'applique indifféremment à l'affectivité, à la psychosomatique, à l'hypnose, à l'évolution, à une existence ou aux événements psi. On peut diviser cette boucle orientée en quatre segments : perception de la réalité objective (I), agencement d'une réalité subjective (II), projection d'un imaginaire subjectif (III) et actualisation objective de cet imaginaire (IV).]

Dans un espace-temps circulaire, il n'y a ni début ni terme absolus ; ils sont toujours arbitraires ; passé et futur, dedans et dehors, dépendent en partie de ma propre attitude. Ensuite, chaque segment se caractérise par un régime dominant ; mais le régime inverse est toujours présent. Par exemple l'entropie perçue en I est globale ; mais il y a de l'ordre qui croît localement. Si la néguentropie était dominante en I, plus rien ne serait prévisible et nous mourrions très rapidement ; mais si l'entropie était absolue, la complexification n'aurait pu se développer ("Matière sans conscience n'est que ruine de l'univers", constatait Jean Guitton). Dans les deux cas, il n'y aurait pas d'histoire. Or il y a une histoire. On peut faire le même raisonnement pour le segment III : il y a de l'avenir, du rêve actualisable parce que l'imagination y est dominante, mais pas toute-puissante (l'univers sinon ne serait qu'un rêve solipsiste, parfaitement gratuit). [Et si l'entropie (la raison déductive) dominait, il n'y aurait plus d'imagination, partant plus de désir ni d'avenir.]

 

a. Le modèle cosmologique standard (qui porte sur la réalité objective) s'est constitué progressivement, en choisissant parmi les multiples solutions des équations de la relativité générale celles qui s'adaptaient le mieux aux observations astronomiques.

L'univers est en expansion. La lumière résiduelle d'une explosion originelle ( du "big bang") étant uniformément répartie à l'horizon, on a admis qu'un observateur extraterrestre quelconque verrait l'univers de la même manière que nous : on a donc posé un "principe cosmologique" selon lequel l'univers est isotrope et homogène, ce qui permettait de définir un temps cosmique absolu (que n'autorisait pas la relativité restreinte), et donc l'âge et les dimensions de cet univers (le big bang se serait ainsi produit au bout d'un million d'années). A l'échelle gigantesque du cosmos, c'est -parmi les quatre forces fondamentales de la nature- la gravité qui, de beaucoup, est la plus déterminante. Et comme cette force équivaut à une accélération, on peut la décrire comme une propriété géométrique du continuum spatio-temporel.

Dans les équations d'Einstein, la densité de matière (quadrivecteur impulsion/énergie) est égale à la courbure spatio-temporelle (quadrivecteur métrique). "Plein" matériel et "vide" spatio-temporel se déterminent l'un l'autre. Du point de vue thermodynamique, le modèle stipule que l'entropie reste constante et que la masse/énergie, de valeur positive, est conservée (il n'y pas de création ex nihilo). L'origine de l'univers, assimilable à un point de densité et de chaleur infinies, est donc une singularité initiale que n'explique pas le modèle. C'est pourquoi, vers 1950, le physicien allemand Jordan proposa d'attribuer dans les équations une valeur négative à l'énergie (potentielle) gravifique : la masse/énergie totale de l'univers devient alors nulle et une "création" de matière positive ne contredit plus le premier principe de la thermodynamique (conservation de la masse/énergie).

[Jordan s'était beaucoup intéressé à l'inversion temporelle, à la complémentarité des systèmes biologiques et au refoulement psychanalytique. Il fut aussi un parapsychologue renommé.]

La topologie globale de l'univers semble actuellement plane, mais on ignore quelle sera son évolution. Si la densité de matière est forte, il se rétractera (rayon de courbure réel) ; sinon, l'expansion s'étendra à l'infini (rayon imaginaire). [Même dans ce second cas, l'univers, à partir de l'infini, se contractera. On parle à ce propos d'univers apériodique, par opposition à l'hypothèse précédente. ]

b. Les physiciens estiment achevé l'édifice de la relativité (restreinte) quantique et s'attaquent maintenant à une théorie unitaire, la gravitation quantique, qui permettrait de décrire toute l'histoire de l'univers et parachèverait leur entreprise. Vont-ils enfin traiter de la finalité, ce fondement même de la pertinence de leurs propos, et cesser ainsi de régresser à l'infini ? J'en doute fortement.

[La philosophie et la science occidentales ont en commun de refouler tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la finalité. On rationalise, on formalise à outrance dans l'espoir monstrueux, proprement psychotique, que la Vie enfin va rendre gorge. Mais la vie résiste. Alors on enferme le Grand Pan dans une métaphysique quelconque, l'essentiel étant qu'on ne l'entende plus, qu'on le croie mort et que des grands prêtres puissent parler à sa place, qui expliqueront au peuple comment mourir vieux sans avoir jamais vécu et pourquoi l'assurance collective de l'esclavage techno-scientifique vaut infiniment mieux que le risque individuel de la Résurrection.]

c. Gunzig et Prigogine rejettent le modèle standard pour la raison justifiée que si l'univers a un âge, s'il va en se complexifiant, c'est que le temps cosmique est nécessairement irréversible. Ils proposent donc un nouveau modèle cosmologique qui s'inspire à la fois de Jordan, de Boltzmann (l'univers comme fluctuation de l'équilibre thermodynamique) et des propriétés du vide quantique relativiste. Ce vide est typiquement complémentariste en ce sens qu'il correspond à un état minimal d'énergie (et non à un néant), susceptible de fluctuations brèves, dites "virtuelles" (avec production de fermions légers tels les électrons), ou durables (par production de fermions lourds). Confer le schéma 2.d.

Le modèle consiste à supposer qu'une macro-fluctuation du vide quanto-gravifique engendrerait des mini-trous noirs d'où s'échapperaient, par saut quantique, des fermions qui rétroagiraient sur le vide ; d'où un processus irréversible en boucle jusqu'à épuisement des trous noirs. Il s'agit d'un mécanisme typiquement dissipatif où le système accède à l'existence par dégradation de l'énergie. Et c'est ainsi que durant cette période très brève (10 -37 sec.) se constituerait (par production photonique) toute l'entropie de l'univers. Le scénario est ensuite classique : avec la chute progressive de la température, des atomes se constituent, de moins en moins éphémères. Les électrons libres disparaissant, l'univers devient transparent (et c'est de cette époque que date le rayonnement fossile).

Quel sera, selon ce modèle, le destin de l'univers ? Pour Prigogine, la densité deviendra si faible qu'on se retrouvera comme au début dans une situation instable et qu'une nouvelle création ex nihilo se produira. [C'est donc une modélisation apériodique.]

d. Nous l'avons dit à plusieurs reprises : spatialiser le temps, c'est ignorer son versant sémantique, sa dimension morale et détruire ainsi sa signification. C'est très précisément cete critique que le mathématicien Gödel, en 1950, fit au modèle standard : la notion d'un temps absolu est incompatible avec la sensation existentielle de vivre toujours dans le présent. Gödel proposa alors des solutions aux équations de la relativité générale où le temps absolu n'est défini qu'en référence à un observateur unique. Dans ce cas, la distinction entre espace et temps ne vaut évidemment que localement. La courbure de cet univers est négative (rayon imaginaire). Le modèle prédit d'une part une rotation globale de l'univers par rapport au repère d'inertie local (ce qui définit une direction spatio-temporelle et suppose l'existence d'une force centrifuge antagoniste de la gravité) et d'autre part la possibilité pour l'observateur de revenir localement dans son passé sans parcourir le temps à l'envers, c'est-à-dire en continuant à vivre. On voit donc que ce modèle formalise en partie notre circuit psi.

[A l'autre extrême, j'ai été stupéfait -et, pour tout dire, très honoré- de découvrir que le circuit psi modélisait, sommairement mais adéquatement, la conception de l'univers des Indiens hopis, d'une exceptionnelle sagacité.]

e. Le modèle du circuit psi entend rendre compte des tenants et des aboutissants de l'univers réel que nous observons. Il impose en retour des normes à toute systématisation cosmologique. Je me contenterai d'insister sur quelques points, déjà traités en partie.

Il y a d'abord deux repères absolus : le Moi réel et le Moi imaginaire. Le modèle porte donc sur des mondes irréductiblement personnels, mais peut s'appliquer à toute entité existante quel que soit son niveau hiérarchique (et donc quel que soit celui de l'observateur). Il peut s'appliquer à un fermion, à un être humain ou à l'univers réel tel que nous l'observons.

La complémentarité réel/imaginaire (ou état/tendance), quand elle est appréhendée à partir du Moi réel, s'identifie à celle du discontinu et du continu. Elle est à mettre en parallèle avec la relativité générale (densité de matière/courbure du continuum spatio-temporel) et avec la physique quantique (matière/onde ; quantons/champs quantiques de création et d'annihilation). Mais ma conception d'un vide quantique gravifique se démarque des conceptions dominantes puisque je lui donne les attributs de la lumière et seulement d'elle, en l'assimilant ontologiquement à l'affectivité.

La notion de dimensionalité ne s'applique temporellement qu'au couple objet/sujet. L'existence hypothétique, idéale d'un Moi total implique une symétrie temporelle absolue. Si le monde observé (objectif) commence par un plein et se termine par un vide (modèle de Gunzig-Prigogine), c'est que le monde subjectif part d'un plein (l'océan de Dirac) et aboutit, en remontant le temps, à un vide. L'entropie globale de l'univers est alors nulle ; dans sa partie observée, la complexification néguentropique se traduit simultanément par une production entropique d'espace. Il s'agit d'ailleurs moins de deux mondes complémentaires que d'un unique univers (celui de l'existence, de la signification personnelle) appréhendé de deux manières antagonistes : l'une informative et l'autre intentionnelle. Le big bang serait alors une fontaine blanche objective ("Autrui") symbolisant une infinité de trous noirs subjectifs ("les Soi"). Si l'on parcourt le circuit psi en observateur, on dira alors d'un point de vue seulement informatif que l'univers commence en fontaine blanche et se termine en trous noirs.

[Un trou noir n'anéantit pas la lumière, il la capture. A l'intérieur de ce tourbillon, la gravitation est si forte que toute la matière est réduite en bouillie lumineuse. C'est une bonne symbolisation physique du Soi, séjour des morts rendus à la poussière originelle. De cette pompe aspirante surgiront ex nihilo les impulsions, à l'inverse de la pompe foulante d'une fontaine blanche, productrice d'énergie, symbole d'Autrui et du Fiat Lux biblique. (Cf. V.C et V.E ). Certaines personnes à l'agonie, mais retournées à la vie, déclarent avoir vécu une telle "impérience".]

f. Le vide "photonique" correspond dans mon modèle à l'état d'indifférenciation affective. Une fluctuation aléatoire peut l'amener (il a toute l'éternité pour cela) à un état d'excitation qui se traduira à la fois par une action matérielle (celle qui précède le big bang) et un but subjectif, les deux étant reliés par un Moi "bosonique". [Les bosons sont les particules d'interaction, i.e. véhiculant les quatre grandes forces de la nature.] Quand la boucle est bouclée, la signification est accomplie et l'excitation résorbée (cf. schéma 2.b).

Les physiciens connaissent bien l'effet Blackett : une planète en rotation dans son propre champ de gravitation donne naissance à un champ magnétique. Mon modèle décrirait le processus inverse : le champ, le vide photonique engendre du réel (une masse d'inertie) et de l'imaginaire (un espace-temps rotatif).

g. Pour terminer cet aperçu cosmologique, il me reste à décrire quelques implications du "présent comme seule réalité". La première est que passé et futur sont soumis à une morale, i.e. à une création ex nihilo permanente (faute de quoi, c'est le hasard qui gouvernera...). On ne peut dissocier création, facultés psi et liberté. [Rappelons-nous la discussion sur l'expérience de Libet. Etre physiquement libre implique qu'on puisse modifier le passé (ou deviner l'avenir). La matérialisation d'un souhait correspond toujours à une improbabilité objective. Mais pour en juger ainsi faut-il encore un observateur indépendant, intellectuellement libre.] L'on comprend alors pourquoi notre univers actuel semble avoir une géométrie plane : c'est que ni l'enfer (la rétraction "réelle" obligée) ni le paradis (l'expansion "imaginaire" infinie) ne sont donnés d'avance. Autrement dit, nous ne pouvons pas ne pas être en situation instable puisque nous sommes des êtres vivants, c'est-à-dire libres. Et si la destinée humaine individuelle se traduit ainsi directement dans les structures de l'univers , c'est que nous sommes tous solidaires. Dans l'espace d'abord, comme l'illustrent à l'échelle microscopique la démocratie quantique (modèle de Chew) et à l'échelle macroscopique le fait que l'inertie n'est pas tant une propriété intrinsèque de la matière réelle que l'expression locale d'une solidarité imaginaire, tachyonique, avec le reste de l'univers (pendule de Foucault, principe de Mach). Dans le temps ensuite, selon l'interprétation rétro-temporelle de la réduction de la fonction d'onde ou de l'homéostasie et, plus généralement, selon le principe dit à tort "anthropique" (puisque c'est tout l'univers qui rétroagit sur son propre passé pour accomplir l'avenir qu'il projette). Conclusion : l'expansion infinie n'est pas donnée au départ ni à l'arrivée, chaque instant en décide, l'univers sera ce que ses membres en feront.

Bien entendu, chaque individu peut concevoir l'univers à sa manière, fabriquer localement les preuves qui le convainquent et vivre ainsi conformément à son modèle. S'inventer, se complexifier (par défaut de masse inertielle, au sens propre ou figuré), c'est bien s'individualiser en fabriquant une espace actuel et un temps virtuel spécifiques, ce qui suppose donc une relative plasticité de l'univers. On peut même vivre (en apparence) et mourir (avec certitude) dans une coquille. Mais la question globale soulevée dans cet article est de savoir quel modèle scientifique est à même de rendre compte du plus grand nombre de phénomènes significatifs. Si l'on assimile la complémentarité à l'approche d'un Moi total, c'est-à-dire à la tentative d'acquérir vis-à-vis du monde une dimension supplémentaire, alors on peut affirmer que tous les êtres actuels doivent leur existence à des ancêtres qui se sont battus pour acquérir cette complémentarité et qu'ils n'auront de descendants que s'ils se battent à leur tour.

[Quels que soient le sens ou la forme d'une signification, existe-t-il une topologie spatio-temporelle unique qui puisse à la fois la décrire, expliquer d'où lui vient son énergie/impulsion, sa "masse", et où celle-ci la mène ? J'ai donné une réponse affirmative en proposant le circuit psi en début même d'article. Et tout au long de celui-ci, j'ai essayé à la fois de tester cette hypothèse et d'en tirer des conséquences afin de persuader le lecteur de sa cohérence. Le procédé utilisé le plus simple aura consisté à montrer l'équivalence entre l'ensemble des créations individuelles et la loi objective commune.

(...) J'ai déjà signalé que, dans ce modèle animiste, la réduction de la fonction d'onde n'est rien d'autre qu'un processus d'homéostasie obéissant au principe (finaliste pour le sujet) de minimisation de sa dépense énergétique. Ce modèle étant localement à deux dimensions temporelles et deux dimensions spatiales orientées, la temporalité et la spatialité s'inversent d'un niveau hiérarchique d'observateurs à l'autre. La créativité végétale, par exemple, est perçue de façon causaliste par les animaux herbivores, sans quoi ils n'existeraient pas. Les "sauts quantiques" enfin, dus au principe d'incertitude de la physique des particules, signifient selon mon modèle l'existence immédiate d'un libre arbitre.

Celui-ci peut opérer dans la réalité lors du passage de l'objectivité à la subjectivité (quadrants I puis II) : ainsi les zigzags de Feynman, ou mieux de Dirac, sont aux âmes des bradyons, à leur conscience, ce que le big bang est à la conscience de l'univers. [On sait d'ailleurs produire en laboratoire des photons à très haute énergie qui se transforment en fermions, simulant ainsi un mini-big bang.] L'observateur humain animiste rapportera scientifiquement l'effet du big bang à l'action première, intentionnelle, d' "Autrui" et les zigzags à de libres conceptions de divers "Soi".

Le libre arbitre opère également dans l'imaginaire lors du passage inverse de la subjectivité à l'objectivité (quadrants III puis IV) : ainsi les réductions de fonctions d'onde sont à la volition des tachyons ce que le "big scruntch" (l'implosion) est à la volition de l'univers. Le rêveur animiste rapportera scientifiquement sa représentation de l'implosion comme moyen à la fin dernière de son propre Soi, et celle des réductions à de libres actions de divers Autrui.

Le Moi total éprouvera alors le besoin ou non de synthétiser ces faits épars en une signification unique, sa propre destinée (schématisée par le circuit psi). ]

2. EN PATHOLOGIE

Lacan a bien raison de dire que l'inconscient fonctionne comme un langage, un système sémiologique, mais - à mon avis - seulement lorsque le moi est pathologique. Une pathologie apparaît en effet quand il y a prépondérance de la causalité dans la subjectivité (traumatismes physiques, infections, contraintes psychiques entraînant phobies, compulsions, stéréotypies, etc.), autrement dit prépondérance de l'information sur l'intention.

A ce propos, vous avez peut-être remarqué que dans mon modèle, toutes les représentations mentales proviennent de l'avenir. Quid alors du souvenir ? Eh bien, il s'agit d'un jugement partial, objectiviste du Moi réel. Toute image mentale se sert bien de formes passées (qu'elle combine ou non), mais ne signifie que de l'avenir. Seul l'avenir a un sens. Ce qui n'en a pas est oublié. Et c'est précisément, comme le disait Santayana, quand on est incapable de comprendre son passé qu'on se condamne à le revivre.

[Ce qui vaut pour le souvenir individuel vaut également pour la mémoire collective, qu'on l'aborde sous l'angle mental (l'idéologie, les mythes), biologique (les instincts, les gènes) ou physique (les systèmes dissipatifs, les partons en cosmologie, les galaxies, etc.).

(...) Le signifiant, en tant que fondement de la subjectivité, ne peut fonder qu'une pathologie puisque le sémantique, le "nouménal", devient alors épiphénoménal. "Les pensées meurent dès qu'elles sont incarnées par des mots", disait Schopenhauer.

Par ailleurs, et pour être plus terre à terre, chacun sait que le propre d'une intuition est d'être instantanée, mais que sa description peut demander beaucoup de temps, sans même parfois épuiser son contenu. Il y a également de nombreux faits empiriques qui amènent à penser que le rêve est lui aussi parfois instantané et toujours prémonitoire d'une prise de conscience "réelle" ultérieure (Cas le plus simple : la mise en scène d'un bruit qui nous réveille). Quand le rêve ou la pensée créatrice s'étalent dans le temps, c'est en le remontant.

Si le temps est circulaire, passé et futur sont inextricablement mêlés. Un jugement linéaire (partiel et partial) sur la source du rêve privilégiera le passé ou le futur selon l'endroit où l'on aura effectué la coupure et selon la direction de lecture.]

A cette pathologie individuelle, on peut faire correspondre une pathologie sociale, le schéma 1 pouvant s'appliquer aussi bien à un "complexe inconscient" (à un Moi secondaire, voire à Soi) qu'à la société (à Autrui), mais avec inversion temporelle (causal/final) et spatiale (introjection/projection) par rapport au moi individuel. Cf. schéma 4.

[Une décision intentionnelle (finale) de l'Etat est un déterminisme causal pour moi (interdiction de fumer dans le métro) ; de même, dans la mesure où je décide (finalement) de mon destin, cela pèse causalement, entropiquement, sur l'Etat. Entre partie et tout, le temps - comme l'espace - s'inverse. On peut à ce propos citer cette profonde remarque de Malraux : "Ne voit-on jamais que la fatalité des autres ?"]

Ainsi, notre société se caractérise à la fois par son hyperfinalité [néguentropie dominante dans le quadrant I], c'est-à-dire un changement technocratique constant (d'où pollution excessive) et par son aspect hyposémiologique, comme le montre très bien Virilio19, c'est-à-dire un appauvrissement de l'information réelle, une virtualisation de l'environnement (le monde médiatisé perd à la fois son objectivité et sa réalité, devient compréhension immédiate, pur spectacle, rêve passif). En d'autres termes, le temps n'ayant plus de sens, l'histoire étant terminée, le destin individuel se déroule maintenant uniquement dans l'espace, dans l'imaginaire : subjectivement avec la drogue télévisuelle (i.e. le rêve permanent et sans effort), objectivement avec l'activisme (on ne veut plus comprendre mais seulement faire, avec des résultats immédiats). En détruisant l'avenir, la technocratie incarne un désir de suicide collectif.

3. EN ECOLOGIE

Dans un fanzine de Rouen, Génotype XXY, on pouvait lire en 1993 : "Capitaliste, n.m.: le parasite le plus perfectionné de la Création. Son don d'ubiquité lui permet de pomper la force de plusieurs milliers d'humains en même temps". Ce don "tachyonique" s'exerce d'abord sur les plus faibles. Voici ce que Smohalla, un Indien de l'Ouest américain, déclarait au siècle dernier :

"Vous me demandez de labourer la terre. Dois-je prendre un couteau et déchirer le sein de ma mère ? Mais quand je mourrai, qui me prendra dans son sein pour reposer ?

Vous me demandez de creuser la terre pour chercher du minerai. Dois-je aller sous sa peau chercher ses os ? Mais quand je mourrai, dans quel corps pourrai-je entrer pour renaître ?

Vous me demandez de couper l'herbe, de la faner et de la revendre pour devenir riche comme vous, les hommes blancs. Allons ! Comment oserais-je couper les cheveux de ma mère !

Les hommes qui travaillent ne peuvent rêver et la sagesse vient des rêves. Mon peuple ne travaillera jamais !"

Il ne travailla jamais : il fut massacré.

[L'animisme ne consiste pas à pleurer pour les chimpanzés ni même avec eux, mais à résister tous à la technocratie sans craindre la mort.]

Le conflit de l'animiste face à l'Occidental, c'est celui de l'immanence face à toutes les sortes de transcendance, qu'elles soient matérialistes ou spiritualistes. A la fin du xviie siècle, au Canada, le baron de Lahontan expliquait à un Huron que sans le châtiment des coupables et la récompense des justes, le mal se répandrait sur la terre. L'Indien lui répondit : "Je suis le maître de ma condition, je suis le premier et le dernier de ma nation, je ne veux et n'ai rien ici à craindre de personne. Mais toi, ton corps comme ton âme dépendez d'une infinité de chefs ; et tu as peur des menteurs, des voleurs et des assassins". Tous les Hurons furent massacrés.

Le modèle d'un espace-temps circulaire rend parfaitement compte des problèmes écologiques. Il a conduit certains chercheurs (Lovelock, Margulis) à déclarer dans les années 80 que la Terre était certainement un organisme vivant (l'hypothèse Gaïa) puisqu'elle était douée d'homéostasie, i.e. capable de conserver un équilibre instable (taux d'O2, température, acidité du sol, etc.) tout en se complexifiant. La technocratie cependant engendre actuellement une telle pollution que la Terre n'arrive plus à s'équilibrer (notamment à absorber le CO2) : la culture occidentale est devenue la maladie mortelle de la Terre.

[Quand l'espace-temps disponible semble infini, la pollution -l'entropie- est sans conséquence et les systèmes se caractérisent par leur gigantisme. Quand l'espace-temps est presque entièrement occupé, l'entropie se retourne sur le producteur et risque de le détruire. D'où l'orientation de cet espace-temps (le circuit psi), puis la miniaturisation des systèmes (symbolisés par les Moi réel et imaginaire).

Cette modélisation physicaliste de l'histoire peut s'appliquer au capitalisme occidental, qui commença par piller sauvagement le Tiers Monde et s'achève avec les outils policés de l'informatique. Elle s'applique évidemment à la cosmologie : nuages galactiques qui se spiralisent et se condensent en étoiles. A l'évolution des espèces : extension territoriale et nomadisme puis sédentarisation ou migrations régulières avec constitution de cycles écologiques.

L'aboutissement sera la mort (naines blanches, extinction des espèces et des civilisations) et, parfois, la résurrection (pulsars se transformant en trous noirs puis en fontaines blanches, mutations des espèces ou des civilisations).]

"Peut-être découvrirons-nous qu'avant de restaurer la pureté des rivières, il convient de retrouver l'esprit qui jadis les habitait. Ce n'est pas une image. Je veux dire que dans certains lieux pollués, rien -littéralement rien- ne poussera tant que ne sera pas ressuscité l'esprit des lieux" (N.Mailer).

[Le XXIe siècle sera religieux, hélas. Le téléphone remplaçant avantageusement la télépathie comme le réductionnisme la morale, l'avenir ne nous réserve probablement que le meilleur des mondes, cette mort très lente, sous les auspices d'un écolo-fascisme que G.Béney20, écologiste militant, a jusqu'ici en vain dénoncé parmi les "Verts".

La technocratie, que notre société révère, n'est au fond qu'une gérontique réservée à la race des plus forts ; c'est le nazisme enfin triomphant.

(..) L'existence d'un espace-temps ambivalent et complémentaire (à la fois signifiant et signifié, 2D-E et 2D-T) implique nécessairement une structure circulaire de la Signification, du Moi et, en définitive, de la Destinée. C'est cette bande de Möbius que nous allons décrire succinctement pour conclure.

Résumé : schéma 15]




Vingt guioux ! Si je m'attendais à trouver une telle casserole accrochée à la queue du B.d'E. !
« Modifié: 19 janvier 2008, 06:14:57 par Jacques »
La science se distingue des autres modes de transmission des connaissances, par une croyance de base : nous croyons que les experts sont faillibles, que les connaissances transmises peuvent contenir toutes sortes de fables et d’erreurs, et qu’il faut prendre la peine de vérifier, par des expériences